Auguste, Jean-Paul, Déodat et les autres…
Après le succès de la précédente édition consacrée à la gastronomie, les élus du Pays Lauragais ont choisi à la rentrée 2013 de faire découvrir aux enfants quelques artistes du passé ayant vécu et/ou travaillé dans le Lauragais.
Le pays a en effet vu passer depuis le XIXe siècle quelques figures artistiques notables, tant sur la scène locale que nationale, qui sont devenus autant d’ambassadeurs culturels de notre territoire.
Cinq de ces artistes ont retenu l’attention des écoles : le félibre (poète de langue d’oc) Auguste Fourès, le peintre Jean-Paul Laurens, le compositeur Déodat de Séverac, le peintre Paul Sibra et le peintre-cartonnier (dessinateur de tapisserie) Dom Robert.
Ce sont près de 500 enfants, soit 14 écoles du Lauragais, qui ont participé cette année au projet, accompagnés par leurs enseignants et des artistes intervenants agréés par l’Education Nationale.
Le « géant de Castelnaudary »
Monument à Auguste Fourès (détail), square Victor Hugo, Castelnaudary
Auguste Fourès (1848-1891) était un journaliste et félibre, c’est-a-dire un poète occitan, qui est né et a vécu à Castelnaudary. Il aimait particulièrement s’exprimer en occitan et s’est beaucoup engagé pour protéger et développer cette langue. Comme son contemporain Prosper Estieu, Fourès nous a laissé de nombreux textes et poèmes qui témoignent de la vie et des hommes dans le Lauragais à la fin du XIXe siècle : nous lui devons entre autres deux recueils qui chantent notre territoire, Les Grilhs (Les Grillons, 1888) et Les Cants del soulelh (Les Chants du soleil, 1891).
Aujourd’hui, Auguste Fourès reste parmi les grandes figures emblématiques de notre territoire : l’école d’Avignonet-Lauragais porte son nom, à Castelnaudary un buste célèbre cette gloire locale en face de l’ancien tribunal (voir ci-dessus). En 2012, le festival Total Festum lui rendait hommage, puis en 2013 ce fut le Musée du Lauragais de Castelnaudary qui lui consacrait une exposition tournée vers le jeune public.
L’enfant de Fourquevaux
Jean-Paul Laurens, Le Lauragais, vers 1893, Toulouse, Capitole (Salle des Illustres)
Né à Fourquevaux dans une famille modeste, Jean-Paul Laurens (1838-1921) a été un des peintres français les plus renommés de son époque. Il était à la tête d’un important atelier et répondait à de nombreuses commandes tant publiques que privées, mais refusait de participer aux courants de l’art de son époque, par exemple l’impressionnisme. En cela, Laurens est un modèle de peintre d’histoire, qui représente dans un style réaliste et théâtral des sujets religieux, mythologique ou historique pour exprimer un message moral.
Artiste parisien, Jean-Paul Laurens n’en a pas pour autant oublié ses racines : nommé directeur de l’École des beaux-arts de Toulouse, il s’est investi dans la décoration du Capitole et dans celle de l’église de son village natal avec ses fils. Plusieurs de ses toiles sont conservées au Musée des Augustins de Toulouse ainsi que son buste réalisé par son ami Auguste Rodin. Au Capitole (salle des Illustres), sa peinture Le Lauragais retient l’attention (voir ci-dessus).
Le maestro de Saint-Félix
Monument à Déodat de Séverac (détail), promenade du Château, Saint-Félix-Lauragais
Déodat de Séverac (1872-1921) était un musicien et compositeur né à Saint-Félix-Lauragais. Même s’il a terminé sa formation à Paris où il a fréquenté les grands noms de la musique et de l’art au début du XXe siècle, Séverac est resté très attaché à son Midi natal. Il a ainsi composé plusieurs œuvres pour piano marquées par ce goût, comme En Languedoc (1904) ou Cerdaña (1911). Ne se faisant pas à la vie parisienne, Déodat décide par la suite de s’installer à Céret (Pyrénées-Orientales) et ne quittera presque plus le Midi, voyageant de la Provence à la Catalogne, au gré des rencontres et des représentations de son répertoire.
Déodat de Séverac est un des artistes lauragais les plus connus en dehors de notre territoire. À Saint-Félix, sa maison natale donne sur la belle place centrale, tandis qu’un buste lui rend hommage au pied des jardins du château, face aux Pyrénées (voir ci-dessus). Enfin, le Festival Déodat de Séverac, fondé à Saint-Félix en 1989, redonne vie à l’œuvre du maître tout en soutenant l’identité culturelle de notre territoire, idée qui lui était chère.
Un peintre au Bout-du-monde
Paul Sibra, Le Lauragais, 1929, Verdun-en-Lauragais, Auberge du Bout-du-monde
Le peintre Paul Sibra (1889-1951) est né à Castelnaudary. Ancien élève de Jean-Paul Laurens, c’était un artiste réaliste, connu pour son dessin clair et la technique toute maîtrisée de sa peinture. Au-delà de son activité de peintre historique et religieux, Sibra est connu pour ses dessins et c’est dans le Lauragais, en particulier à la ferme de Rhodes (Verdun-Lauragais) et à Castelnaudary, qu’il a trouvé au fil de ses promenades l’essentiel de son inspiration. Dans ses nombreux carnets de dessins, il a décrit le folklore et les lieux de vie de son temps, témoignage exceptionnel sur la vie familiale dans le Lauragais de l’Entre-deux-guerres. Surnommé le "peintre du Lauragais", il est avec Déodat de Séverac le plus connu des artistes natifs du pays.
Parmi les tableaux de Paul Sibra que l’on peut admirer à l’auberge du Bout-du-monde de Verdun-Lauragais, Le Lauragais est un des plus beaux (voir ci-dessus). À Castelnaudary, l’église Saint-Jean-Baptiste conserve un superbe Saint François prêchant aux oiseaux, l'école Prosper Estieu un Mémorial à ses anciens élèves morts pendant la Grande Guerre, tandis que la galerie municipale porte son nom.
Un moine-artiste de la Montagne Noire
Dom Robert, Plein champ, Goubely, 1970, Sorèze, Musée Dom Robert et de la Tapisserie du XXe siècle
Né Guy de Chaunac-Lanzac dans la Vienne, Dom Robert (1907-1997) a passé une grande partie de sa vie à l’abbaye d’En Calcat dans le Tarn, où il a été ordonné prêtre en 1937. Pendant la guerre, il découvre la composition de tapisserie grâce à l’artiste Jean Lurçat et s’épanouit dans cette technique. Son style naïf et décoratif s’étale sur de grandes surfaces qui prennent vie grâce aux couleurs profondes et lumineuses de la tapisserie. Dom Robert y restitue une nature intacte, celle de la Montagne Noire, peuplée d’une foule d’animaux domestiques en liberté, loin de la main de l’homme.
« Dans une tapisserie, on se promène… Une promenade sans but précis, on se plait à flâner. Un détail vous conduit vers un autre, un rouge mène à un bleu. Tout d'un coup, on découvre un oiseau, un écureuil qui voulait se cacher, on en cherche d'autres comme on va aux champignons, le même plaisir qu'en un sous-bois, une sorte de jeu de cache-cache », Dom Robert.
À l’Abbaye-école de Sorèze, un « Musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle » a ouvert au printemps 2015, il présente un panorama de l'oeuvre et de la vie de Dom Robert, confrontés à d’autres artistes ayant participé au renouveau de la tapisserie d’Aubusson.
La vie et l’œuvre de ces artistes emblématique ont servi de point de départ aux enfants participants au projet « Lauragais dans les arts » pour se réapproprier leur langage plastique ou l’atmosphère de leurs œuvres.
Les élus du P.E.T.R. ont souhaité offrir à chaque enfant participant un livret qui présente les 14 projets artistiques réalisés cette année.
Voir le livret.