Pour la rentrée 2014, les élus du Pays Lauragais ont choisi les contes et légendes du Lauragais comme fil conducteur du Lauragais dans les arts. Ce thème semble avoir séduit les enseignants, puisque 20 écoles participent au projet. Un tel sujet permet en effet d’étudier les traditions orales locales tout en faisant appel à certains savoirs et apprentissages en cours d’acquisition : travail sur l’imaginaire et le fantastique, mise en récit, réécriture…
Le Lauragais, un pays d’histoires
De par ses caractères géographique et humain, le Lauragais est un formidable réservoir à histoires. Zone de passage, proche de montagnes pourvoyeuses de légendes, le pays peut aussi s’enorgueillir d'une histoire locale passionnée et agitée (épopée cathare, guerre de Cent Ans, guerres de religion) et d'une terre pourvoyeuse de richesses (pastel, froment) : autant d’éléments constitutifs d’un imaginaire collectif généreux et varié.
Les récits imaginaires qui circulent dans le Lauragais ont comme d’ordinaire une fonction éducative : ils servent à expliquer et à rassurer. Ils sont ainsi destinés à édifier et à distraire, à la manière des fables pleines d’humour du Vaux, ou de l’épopée "ariégeoise" de Jean de l’Ours. Mais ces histoires peuvent aussi alarmer les enfants des dangers de la nature, surtout du milieu aquatique, comme le rappellent les légendes du monstre Drac ou de la fée Saurimonde. Quant elles ne servent pas carrément à justifier des phénomènes telluriques : ainsi les légendes des Pierres de Naurouze, de la fée Nore et des lutins Bug et Arach.
Le Drac, dessin au feutre, Labastide-d'Anjou
Ancrées dans le territoire, ces histoires rendent très présents la terre, l'eau et le vent : le Drac est un génie maléfique lié aux eaux, tout comme la Saurimonde, cette fée ensorceleuse qui hante les grottes de la Montagne Noire. Nombreuses sont les historiettes liées au vent et au meunier, personnage central de la vie villageoise lauragaise jusqu’au début du siècle dernier. A Montferrand, l’observation de la Fount d’Alzonne par un certain Riquet serait à l’origine légendaire de la découverte de la ligne de partage des eaux… D’ailleurs, dans le Lauragais, il n’y a pas une source qui ne trouve son origine dans une légende païenne ou chrétienne.
Les épisodes les plus tristes de notre histoire ont aussi marqué l’imaginaire : au Moyen Âge, les Saint-Julianais reclus et affamés ont le bonheur de voir fuir leurs assiégeants lorsqu’une femme a l’idée de lancer par-dessus les remparts deux chapons bien gras qu’elle avait caché jusque-là. Les violences et persécutions de l’époque de la Croisade des Albigeois conduisent certains cathares rétifs à la conversion (en particulier des femmes) à se réfugier dans des refuges souterrains appelés cluzels, d’où la légende des faudes, sorcières vivant retirées dans des grottes. Plus tard, pendant la guerre de Cent ans, le siège de Castelnaudary aurait conduit les habitants, à inventer le cassoulet…
Création d'un cluzel, modelage à l'argile, Montferrand
Un travail d’imagination
Mais pour les enfants, les contes et légendes sont aussi ceux qu’ils inventent eux-mêmes, à partir d’un point d’ancrage local souvent abandonné et à leur yeux mystérieux : un château, un moulin, une forêt, un souterrain…
Dans le cadre du Lauragais dans les arts, une large part du travail a été de laisser libre cours à leur imagination. Le répertoire traditionnel étant voué à être repris, détourné, remis au goût du jour, ou seulement à servir de base pour une histoire totalement réinventée. Il s’agissait pour eux de s’approprier une histoire et d’en proposer un développement plastique et/ou scénographique.
Travail d'écriture, école de Pexiora
Cette édition du Lauragais dans les arts a donc permis non seulement de ranimer et d’illustrer notre beau patrimoine oral local, mais aussi de l’enrichir de nouvelles contributions étonnantes, en phase avec l’univers fantastique des enfants.
Les élus du P.E.T.R. ont souhaité offrir à chaque enfant participant un DVD qui présente les 20 projets artistiques réalisés cette année.
Voir le DVD